Attention : cette fois-ci, la lecture est un peu plus difficile.
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Tu peux t'acheter deux caleçons de soie…
… Les mettre l'un au-dessus de l'autre, ça tu ne peux pas !
Ma télévision ne sert plus qu'à passer les cassettes des Barbapapas, le marchand de journaux le plus proche est à onze bornes,je préfère écouter Sonny Terry que Jean-Marc Sylvestre, ça explique mon léger retard sur l'actualité. Faut vraiment que je sèche sur ma copie, pour que je «m'informe» sur le Net.
EADS, je ne sais pas ce que c'est, Airbus, facile, c'est des avions, même qu'ils ont eu un mal fou à traverser certains patelins pour aller se faire assembler à Toulouse, j'avais lu un article là-dessus, avec de chouettes photos, dans l'Indépendant, au bistrot. J'ai donc appris que Monsieur Forgeard et le jeune Lagardère, poteau du petit Nicolas, s'étaient gavés comme des porcs en rotant allègrement à la gueule de leurs futurs ex-salariés, ça ne me surprend pas outre-mesure, qu'en plus c'est avec le porte-monnaie de l'Etat qu'un camarade ministre (Thierry Breton) avait racheté à Junior ses images Panini au prix fort, ça m'en touche une sans bouger l'autre, et que les petits porteurs s'étaient fait blouser, j'essaye de ne pas ricaner.
La pusillanimité de la caste médiatique qui, pour le coup, prend bien garde de respecter la présomption d'innocence des deux philantropes, tout en se demandant ingénument si y serait-t'y-pas des fois possible qu'il y ait eu comme un zeste, un soupçon de délit d'initié, ne m'écœure même plus, quant aux dénégations des rapetous, je les trouve belles et convaincantes comme un serment de coureur cycliste.
Je ne m'émeus pas plus de ma passivité que de celle de mes concitoyens, et je me doute bien que des tas de gusses doivent admirer la maestria des deux artistes, qu'ils rêveraient de pouvoir être aussi pignoufs. Je me réjouis plutôt de cette apathie, car la saine colère d'un peuple, moins paralysé par le venin télévisuel, homéopathique et quotidien, contraindrait le gouvernement à enchrister les deux galopins pour incitation à l'émeute alors que les prisons sont déja assez bondées comme ça !
Non ce qui me turlupine vraiment, c'est ce qu'ils vont bien pouvoir faire avec tout ce pognon. Vont-ils, l'oreille vissée à la porte du coffiot helvète, l'écouter faire tranquillement des petits ? Au-delà d'un certain chiffre, de quelques siècles de RMI, mes oreilles bourdonnent, le tocard que je suis décroche.
Junior, encore, je peux comprendre, il est jeune, il a plein de copains, il a besoin de flamber, de faire le zazou, de tuner la 206, mais Monsieur Forgeard, lui, l'a pourtant pas l'air d'un noceur, d'un boute-en train, sur la photo. Ça doit être bien du tracas de veiller sur un tel tas de brouzoufs, faudrait pas qu'ils en perdent, que ne sachant plus où le ranger ils finissent par en jeter à des pauvres, ça gâcherait le métier, confiture aux cochons ! J'espère qu'ils se font aider, qu'ils savent s'entourer, il y a tellement de malfaisants, de pas honnêtes !
Depuis un bon moment, notre président tout neuf, berlure son monde avec sa réhabilitation du travail et tresse des couronnes à ses amis «chevaliers d'industrie», vaillants entrepreneurs, glorieux «créateurs» d'emplois !
Pendant les émeutes, TF1 nous présentait chaque soir des exemples de «jeunes de banlieue» ayant «réussi» : pas un artisan, pas un chercheur, pas un ouvrier ou un employé, que des «chefs d'entreprise» !
Sur les trottoirs de Babylone, tapin c'est nul, maquereau, c'est classe !